
Pourtant, comme le dit Jean-François Revel dans la critique de Demain le capitalisme de Henri Lepage : « La société souffre non pas de trop de marché, mais de trop d'Etat. »
En effet, l’Etat perturbe le fonctionnement du marché par la mise en place de politiques conjoncturelles keynésiennes qui se sont toujours montrées inefficaces. En effet, Keynes voyait en l’Etat l’acteur central du développement mais, en Afrique, l’inertie des Etats interdit de placer l’espoir le plus minime dans leur intervention. Les réglementations excessives empêchent plutôt les marchés de se coordonner. Il faut aussi noter que l’Etat applique des fiscalités qui découragent les entreprises et les individus ce qui freine l’activité économique. Au delà de ces mauvaises incitations, il faut noter que l’incertitude due à l’absence de sécurité judiciaire freine l’élan des investisseurs car les sphères politique et judiciaire sont trop imbriquées. Une justice corrompue freine drastiquement l’activité économique et augmente la liste interminable des chercheurs d’emplois. « La liberté n’est pas un mot vide, c’est un moteur ! » Gisèle Dutheuil L’histoire nous montre qu’un pays où les libertés sont étouffées est condamné à rester à la traine, alors qu’un environnement de liberté permet l’expression des talents enfouis dans chaque être. C’est dans un climat de liberté que l’Angleterre a jadis bouleversé le monde à travers sa révolution industrielle qui a démontré que la richesse première réside dans les Hommes ; le capital humain. Des matières premières abondantes, les sols les plus fertiles ne suffisent pas pour se développer. Il faut des libertés individuelles et donc une moindre intervention de l’Etat dans les affaires de la Nation. Ce n’est ni avec l’or, ni avec le diamant encore moins avec le cacao que Georges Stephen, Thomas Edison, Richard Trevithick, pour ne citer qu’eux, sont parvenus à faire les inventions et découvertes les plus bénéfiques pour leur pays et pour le monde entier. C’est bien la liberté et la reconnaissance de la propriété intellectuelle qui ont été leurs moteurs. Les chiffres nous montrent que les pays les plus avancés au monde sont ceux où les libertés sont respectées. Ces pays ont réalisé que la liberté met l’individu au cœur du développement en faisant de lui le créateur des richesses. Plus les individus sont libres d’entreprendre, plus le développement s’enracine solidement. L’Etat gagnerait à respecter les libertés individuelles et à mener de bonnes politiques incitatives et attractives à travers, par exemple, une simplification de la fiscalité qui pourrait, au delà d’attirer les initiatives, être bénéfique à l’Etat lui-même. Pour l’économiste américain Arthur Laffer, une baisse des taux d'imposition peut générer une hausse des recettes fiscales. Il faut donc instaurer un impôt juste qui permette d’alimenter les caisses de l’Etat sans dissuader les entreprises privées ni les personnes aux revenus les plus élevés qui consomment et épargnent le plus et donc dynamisent l'économie. Ces politiques ont déjà donné des résultats satisfaisants en 1978, aux Etats Unis, sous Ronald REAGAN, avec l'Initiative populaire de limitation de la taxation sur la propriété connue sous l’appellation de proposition 13 qui aboutira à une réduction de 57 % des impôts fonciers dans l'État de Californie. Ainsi, l’Etat devrait mettre en place un système judiciaire efficace et crédible pour attirer l’investisseur et protéger les individus de toutes injustices. « Pour vivre en paix nous devons être libre et pour être libre il n’y a que l’audace pour nous guider» Mamadou Koulibaly Aujourd’hui, plus que jamais, l’Afrique a besoin de revenir au fondement de la démocratie qui seule peut assurer le bien être et l’épanouissement des peuples. Une démocratie libérale qui fait de l’individu le souverain et de l’Etat son serviteur pourrait faire de l’Afrique le poumon de l’économie mondiale. L’Etat devrait encourager les initiatives des individus au lieu de les freiner en se limitant à l’exercice de ses fonctions régaliennes et en à assurant l'égalité des chances. C’est cette liberté que les populations africaines se doivent de réclamer audacieusement. Aquilas YAO, analyste pour Audace Institut Afrique.